Qui aurait pensé que le début d’année 2021, après une année 2020 marquée par le Covid-19, serait rythmé par les variations des valeurs cannabis à Wall Street ? Après plusieurs semaines d’euphorie en décembre et en janvier, ces actifs sont descendus tout aussi rapidement à la réalité. Du moins, en attendant les prochaines envolées…
Entre décembre et début février, les cours des principales entreprises du marché de la marijuana ont grimpé de plus de 70. Dans les faits, la montée en flèche des prix des ETF du cannabis ne résulte pas vraiment d’une logique de marché implacable. Certes, la promesse d’une marijuana légale en Amérique du Nord et, à plus long terme, en Europe conforte sérieusement la place des titres comme Tilray et Aphria. Néanmoins, leurs bonnes performances en Bourse des dernières semaines s’expliquent avant tout par les spéculations menées par les membres du forum WallStreetBets, les mêmes qui étaient à l’origine de l’affaire GameStop.
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Un fort potentiel confirmé par les perspectives d’une libéralisation
À Wall Street, les valeurs cannabis, facilement reconnaissables par leurs « tickers » évocateurs soufflent le chaud et le froid auprès des investisseurs particuliers et des gérants de fonds aventuriers. L’intérêt autour de ces Fonds indiciels cotés repose en grande partie sur la question de la dépénalisation de la marijuana au niveau fédéral aux États-Unis. Pour rappel, le pays – qui représente le plus grand marché de drogues « douces » et dures au monde – compte déjà 16 États qui ont légalisé le cannabis récréatif.
Les autres États conservateurs restent libres dans leur politique de répression et de criminalisation de la détention, de la vente et de la consommation de ce produit à des fins récréatives. Le vote en décembre 2020 de la loi dite MORE – Marijuana Opportunity Reinvestment and Expungement Act – laissait entrevoir la possibilité d’une légalisation de l’usage récréatif de cannabis au niveau fédéral. Cette nouvelle, couplée à l’élection du président Joe Biden et la double majorité du parti démocrate, plus favorable à une dépénalisation du cannabis récréatif, a suffi à certains analystes et à des boursicoteurs américains pour parier sur ces valeurs en herbe.
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Des incertitudes qui pèsent sur les valeurs du cannabis
Dans les faits, le prétendu soutien légal du cannabis récréatif à travers la loi MORE reste à nuancer. Le texte ne prévoit à aucun moment la dépénalisation de cette drogue dite « douce » au niveau fédéral. Le consensus sur la législation à l’échelle de chaque État est maintenu. À l’inverse, ce cadre réglementaire institue le retrait de la marijuana de la liste fédérale des drogues interdites. Cette dernière inclut notamment :
- Les opiacés ;
- La cocaïne ;
- Le LSD ;
- L’héroïne.
La nouvelle loi valide également le principe d’une taxe fédérale pour la réinsertion sociale des consommateurs de cannabis. L’amnistie des condamnations fédérales pour vente ou détention en petite quantité de marijuana fait partie des autres nouveautés introduites par ce texte. Une meilleure compréhension de la loi MORE a sans doute pesé sur la chute entamée par les ETF du cannabis récréatif début février. Après deux mois d’euphorie, les valeurs phares telles que Tilray, Cronos, Aurora et Aphria s’engagent dans une descente plus ou moins contrôlée à Wall Street.
Elles ont ainsi rétrocédé leurs gains engrangés depuis le début de l’année, sans pour autant sombrer parmi les volutes de titres d’entreprise en difficulté financière ou promis à une mort certaine. Les boursicoteurs du subReddit WallStreetBets veillent au grain et accordent toujours beaucoup d’intérêt au secteur du cannabis récréatif, dont la légalisation fédérale aux États-Unis revient plus souvent dans les débats publics. Avec un appareil législatif contrôlé par les démocrates, les observateurs s’attendent à l’aboutissement de vraies réformes progressistes au sujet de la marijuana sous l’administration Biden.