La culture hip-hop, qui se manifeste à travers des expressions artistiques, possède sa propre histoire et son propre langage. Il est souvent marqué par des mots qui peuvent gagner en popularité. La moula ou la Moulaga fait partie des derniers à la mode.
Les rappeurs ne cessent de reprendre le mot dans beaucoup de tubes à succès, pour ne citer que ceux de Heuss l’Enfoiré. Son succès est tel qu’il occupa même la 9e place des définitions les plus recherchées sur Google en 2019.
Toutefois, malgré son succès, rares sont ceux qui connaissent l’origine ou la définition exacte du terme. Les gens, même ceux qui l’emploient à tort et à travers, s’accordent juste dans le fait qu’il se rapporte à l’argent, sans connaître les détails.
Un mot issu de l’argot américain
Il est clair que la moula est un mot emprunté à une autre langue. Il tire son origine de l’argot américain « Mula », « Moolah » ou « Moollah ». Les circonstances entourant sa création demeurent mystérieuses, même si certains avancent qu’il est issu du fidjien ou de l’espagnol. Il a commencé à être utilisé dans l’Amérique des années 30.
Il fait alors partie des mots qui ont survécu au passage du temps. Il doit cette longévité à sa sonorité particulière, aussi agréable à prononcer qu’à écouter, qui a motivé son adoption par les membres de la communauté hip-hop en général, les rappeurs et les amoureux du rap en particulier.
Il a commencé à apparaître dans la bouche des rappeurs américains dans les années 1980. Il s’agit surtout de Chuck Brown, dans son rap intitulé « We need some money », dans lequel il dit avoir « besoin de Moolah pour s’amuser ». Plus tard, Notorious BIG et Tracey Lee reprendront le terme dans leur moreau « Keep your hands high ».
Depuis ses débuts fracassants dans le milieu du rap, moolah fut repris par un nombre toujours croissant de rappeurs américains. Lil Wayne, un artiste qui n’est plus à présenter surnomme souvent son label Young Money Entertainment « Young Moolah ». Lorsque le rap s’est étendu à la France, les rappeurs de l’Hexagone se sont aussi mis à adopter certains termes, dont moolah.
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Appropriation par le milieu du rap français
La version francisée de moolah, la « moula » apparaît pour la première fois sur la scène du rap français dans le morceau « J’ai pas de face » d’Akhenaton, le leader du mythique groupe marseillais IAM. Dans ce titre, il rappe « J’suis dans la dance khouya, que pour la moula-ia. ».
La moula revient ensuite en force en 2012 dans le tube de Booba, intitulé Caramel, dans lequel le DUC scande haut et fort : « Je dois faire du biff, de la moula, du caramel ». Depuis, ce mot est apparu dans bon nombre de chansons de star du rap français, pour ne citer que Gradur, Jul, PNL et, bien évidemment, Heuss l’Enfoiré qui le reprendra dans quasiment toutes ses chansons. Grâce à cette large publicité, il a acquis le statut de phénomène de mode. Puis, il s’est de plus en plus intégré dans le vocabulaire des rappeurs et des fans du rap.
Les significations données à ce terme
Comme beaucoup d’autres mots avant lui, la moula a rencontré des changements majeurs. Face aux multiples influences et à l’imagination de chacun, le sens de ce terme s’est développé pour aboutir à de nouvelles significations. Originellement, tel qu’il était utilisé par les rappeurs outre-Atlantique, moolah faisait référence à une somme d’argent illégale et en cash d’un gros montant. Par la suite, le mot est devenu l’un des nombreux synonymes de l’argent, au même titre que la tune ou l’oseille.
Par la suite, une nouvelle génération de rappeurs, parmi lesquels figurent MHD et Hamza, ont élargi son sens. Il ne sert plus seulement à désigner l’argent, mais également le business qui a permis de l’acquérir, à savoir, les stupéfiants. Il servait, entre autres, à désigner les meilleures têtes de cannabis. Par la suite, le mot peut aussi bien désigner une raclée administrée à quelqu’un que les gens. Autant dire que ce mot ne cesse de se réinventer et de surprendre par sa richesse.